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Alchimie du flocon de neige

Alchimie du flocon de neige

Alchimie du flocon de neige

L’autre jour, je lisais l’introduction de l’Alchimiste de Paulo Coehlo (oui ce livre dont tout le monde parle). D’après l’auteur, il y a quatres grands obstacles a la réalisation de ses rêves. J’avais sorti ce livre du sac a main de Mary et je fus assez étonné de constater que, même en Iran, on puisse trouver un exemplaire de l’Alchimiste en anglais en fouinant dans le sac à main d’une fille. Je me mis donc a lire…

Quatre obstacles, hum, intéressant.. Le premier concernait le fait que, lors de notre enfance, on nous rappelle constamment que nos rêves sont irréalisables et que l’on finit par s’y faire. Il devient donc difficile, par la suite, de reconnecter avec ses rêves d’enfants (qui ont pourtant de fortes chances de concorder avec nos rêves d’ « adultes »). D’accord, celui-ci je l’ai passé depuis un bon moment, voyons le suivant. Le deuxième obstacle, c’était la peur de laisser derrière soi les êtres aimés pour partir a la poursuite de son propre bonheur. Ah! Combien de personnes se limitant de toutes parts pour des raisons d’amour ai-je rencontré dans ma vie. Mais celui-ci, je l’ai passé le jour où j’ai compris que ceux qui nous aiment vraiment seront toujours là et que maintes nouvelles rencontres tout aussi importantes se feront sur notre route. De plus en plus intéressé, je continuai ma lecture tentant de me concentrer dans le trafic incessant de Mashaad. Le troisième obstacle.. Le manque de courage face au rude chemin qui nous attends et la tentation d’abandonner à laquelle on succombe trop souvent. Mmmh.. Sans vouloir me vanter, s'il y a une chose dont je ne manque pas, c’est bien de courage. Je manque bien d’un certain nombre de choses mais de courage, ça non. Ayant l’agréable conviction d’avoir déjà surmonter trois des quatre obstacles mentionnés par l'auteur, je poursuivis la lecture avec enthousiasme.

- « Marc, look this. Comme c’est beau avec la neige! » (elle parle assez bien français)
Nous étions arrivé près de ce restaurant où elle voulait m’emmener pour dîner et, n’ayant pas beaucoup dormi durant le trajet de 16h de bus que je venais de subir, je fus un peu lent a retrouver la réalité.
– « Ouais, c’est joli, ça ressemble un peu a la suisse, en moins beau.. », répondis-je avec un sourire dans le but d’attirer son attention sur la note d’humour que contenait la réplique.

Mary compris aisément que la neige n’avait que peu d’intérêt pour moi et surtout a ce moment là puisque je replongeai aussitôt dans ma lecture. Quel est donc ce quatrième et dernier obstacle? Alors que j’allais obtenir ma réponse dans le dernier paragraphe, une citation d'Emil Cioran me revint brutalement a l’esprit. « Ce n’est pas la peur d’entreprendre, c’est la peur de réussir qui explique plus d’un échec! ». La clé était là, je le savais avant même de le lire. Voilà qu’une fois de plus, il m’arrive cette étrange concordance entre mes fragments de pensés et ceux de l’auteur que je suis en train de lire. Le quatrième obstacle était bien celui-ci, les gens ont peur d’embrasser leur vocation car ils pensent qu’ils ne le méritent pas… J’étais là, perdu dans mes pensées, entre le troisième et le quatrième obstacle sur la route menant à mes rêves lorsque Mary me ramena une fois de plus à la réalité.

- « C’est ici, come on my dear (elle avait cette sale manie de m’appeler my dear qui donnait à chacune de ses phrases l’apparence vieillotte d’un vieux bouquin poussiéreux). Allons-y! »

Je la suivis donc dans le froid de l’hiver, l’esprit occupé à moitié par l’idée d’une brochette de kebab accompagné d’une quantité astronomique de riz (comme toujours) et l’autre moitié par l’apparente complexité du comportement humain…