Inspiration

Quelle fut l'étincelle qui enflamma mon âme aventureuse? Ou peut-être fus-je moi-même le souffle et les braises à la fois? Aurais-je eu l’idée de me lancer dans ces périples si je n’avais pas été galvanisé par la lecture des hommes que je vous présente ici… Ils ont mené des vies qui frisent avec la limite entre le rêve et la réalité et je leur fait un petit coin pour que perdure ici leur souffle sacré.


Jack London

Inspiration 1 Jack London

London fut l’un des premiers écrivains qui m’initia au roman d’aventure. Je me souviens m’être particulièrement délecté de la précision avec laquelle il décrivait l’homme en situation de survie. Le premier livre que j’ouvris de lui fut “The Call of the Wild” (trad. l’appel sauvage). En préface du livre, figurait cette citation que j’avais soulignée au crayon papier, c’était le début de ma philosophie de vie.

« I would rather be ashes than dust! I would rather that my spark should burn out in a brilliant blaze than it should be stifled by dry-rot. I would rather be a superb meteor, every atom of me in magnificent glow, than a sleepy and permanent planet. The function of man is to live, not to exist. I shall not waste my days trying to prolong them. I shall use my time. »

(trad. Je préférerais être cendres plutôt que poussière! Je préférerais que mon étincelle s’épuise dans une flamme brillante au lieu d’être étouffée par de la pourriture sèche. J’aimerais mieux être un météore superbe, chaque atome de moi brillant d’une incandescence magnifique, plutôt qu’une planète endormie et permanente. La fonction de l’être humain est de vivre et non d’exister. Je ne gaspillerai pas mes jours à essayer de les prolonger. J’utiliserai mon temps.)


Joseph Kessel et Henri de Monfreid

Inspiration 2 Joseph Kessel

Avec Joseph Kessel vint un peu plus tard Henri de Monfreid. J’aimais lire Kessel et son intérêt pour les hommes et leurs destins. En revanche, son goût pour l’alcool, la bagarre, le tabac et l’opium me laissait plutôt indifférent.

Puis, il y eut Monfreid que je trouvais tout à fait génial, un personnage fascinant, courageux, infiniment astucieux, et qui s’exprimait dans un français impeccable. Et humble par dessus tout. Le comble de mon bonheur fut de retrouver Monfreid en tant que personnage dans un magnifique roman de Kessel nommé "Fortune Carrée”. Alors comme ça Kessel et Monfreid s’était rencontré en vrai! Plus tard, je tombais sur une conférence de Pierre Schoendoerffer qui racontait avec des étoiles dans les yeux, tel un enfant émerveillé, comment, après avoir lu Fortune Carrée, il s’était dit : « que la fiction, que le rêve, est la vraie vie et que le pain quotidien n’est qu'autre chose mais de moins important ». Peu sont ceux qui peuvent le comprendre vraiment. Moi, je le comprend de tout mon coeur.


Inspiration 3 Henri de Monfreid


Antoine de Saint-Exupéry

Bien après “Le Petit Prince”, je me souviens avoir apprécié Saint-Exupéry dans toute sa splendeur à la lecture de “Terre des Hommes” alors que je vagabondais entre le Kirghizistan et la Chine (lire mon texte Naufrage…). Saint-Exupéry, ainsi que ceux que je vous présente ici, était là pour nous rappeler tout le potentiel qui réside dans la vie si, et seulement si, l’on pouvait s’éveiller et se mettre à oeuvrer pour son humanité. Lisez seulement les mots qu’il a choisi pour conclure son livre Terre des Hommes :

« Je me disais : ces gens ne souffrent guère de leur sort. Et ce n’est point la charité ici qui me tourmente. Il ne s’agit point de s’attendrir sur une plaie éternellement rouverte. Ceux qui la portent ne la sentent pas. C’est quelque chose comme l’espèce humaine et non l’individu qui est blessé ici, qui est lésé. Je ne crois guère à la pitié. Ce qui me tourmente, c’est le point de vue du jardinier. Ce qui me tourmente, ce n’est point cette misère, dans laquelle, après tout, on s’installe aussi bien que dans la paresse. Des générations d’Orientaux vivent dans la crasse et s’y plaisent. Ce qui me tourmente, les soupes populaires ne le guérissent point. Ce qui me tourmente, ce ne sont ni ces creux, ni ces bosses, ni cette laideur.
C’est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart assassiné.

Seul l’Esprit, s’il souffle sur la glaise, peut créer l’Homme. »

Inspiration 4 Saint- Exupéry


Bernard Moitessier

Inspiration Bernard Moitessier

Moitessier est venu à moi bien plus tard alors que je m’étais mis en tête d’apprendre à naviguer. C’est d’abord “La Longue Route”, cette folle histoire de course autour du monde en solitaire et sans escale, le Golden Globe Race. Course organisée en 1968 par le Sunday Times et à laquelle il décidera finalement de participer. Sans GPS, il fallait à l’époque savoir naviguer tout au sextant, c’est-à-dire en calculant des hauteurs de soleil ou d’étoiles pour se positionner sur une carte marine et pouvoir ainsi déterminer sa position puis son cap. Alors qu’il était près de gagner la course, il transmit le message suivant et fit une croix sur la somme de cinq milles livres sterling promise au vainqueur :


Inspiration 6 Bernard Moitessier

« Je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer,
et peut-être aussi pour sauver mon âme »


D’aucuns diront que la solitude en mer l’avait rendu fou. Encore une fois, peu sont ceux qui purent le comprendre. Il n’était pas devenu fou, au contraire, il avait atteint un état de conscience supérieur qui se suffisait à lui-même et dans lequel ne lui importait ni la richesse ni la gloire…


Dessin monfreid rimbaud london kippling d'Hugo Pratt
Dessin d’Hugo Pratt